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Mode(s) de vi(ll)es

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La ville et son urbanisme nourrissent depuis toujours maints idées et concepts plus ou moins déterminants que les architectes aiment à (ré)explorer sans cesse. 2:pm : Architectures et Dauphins Architecture sont deux agences françaises d’architecture qui tentent, suite à deux expériences concluantes, de développer leur propre théorie de la ville.

Suisse | Urbanisme | Aménagement du territoire

Comment penser la ville ? C’est la question que les architectes des agences 2:pm et Dauphins, associées en l’occurrence, se sont posé lors de la conception de leurs projets urbains concernant les villes d’Aigle et de Neuchâtel, en Suisse.

Les réponses ont été élaborées, pour Aigle, dans le cadre d’une participation au concours Europan 11 qui leur a valu le deuxième prix ; les secondes concernent l’étude effectuée à l’occasion d’un concours international intitulé ‘Neuchâtel 2020’ dont ils sont lauréats en avril 2012.

Ces deux agences proposent une intéressante vision de comment «faire la ville», basée sur des expérimentations qui se traduisent par des interventions sur la ville d’autrefois.

Ces architectes estiment que le grand geste urbain, qui est celui de nombreuses villes touristiques, doit s’estomper devant d’autres exigences.

De fait, leur réflexion est orientée principalement sur l’existant. Le développement de «la ville sur la ville» se réalise, selon eux, via des greffes et des interventions à petite ou moyenne échelles. Ces différentes interventions mènent, selon leurs auteurs, à un urbanisme ‘impressionniste’. D’où l’intitulé du projet pour Neuchâtel, appelé ‘Aménités’.

Précisément, 2:pm et Dauphins conçoivent la ville tel un lieu unique qui génère un lien fort entre tous ses habitants.

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La notion de ‘climats’, empruntée à Djamel Klouche, guide leurs propos ; la ville devient la scène où coexistent de nombreux ‘microclimats’ dont l’harmonisation est à la charge de l’urbaniste.

Ainsi, les cités ne sont plus une succession d’infrastructures, de bâtiments et de places publiques sans âme mais elles deviennent le reflet des habitudes quotidiennes.

Parmi les interrogations soulevées, les architectes évoquent les «souvenirs d’une ville». Que retient-on de la visite d’une ville ? D’en conclure que, hormis quelques souvenirs dignes de cartes postales, les références personnelles priment dans la plupart des cas.

De l’étude minutieuse de chaque parcelle de la ville découle un travail titanesque de relevés et de synthèses qui conduit 2:pm et Dauphins vers d’originales solutions.

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Par exemple, eu égard à la mobilité, ‘Aménités’ – le projet de Neuchâtel – ne propose pas de repenser les plans de circulation de l’ensemble de la ville mais d’intervenir sur quelques voies en y introduisant des améliorations.

Avec un traitement de sol unifiant l’ensemble du centre-ville, qui devient piétonnier à l’occasion, la forme urbaine est rendue plus lisible. A l’opposé des écoquartiers qui misent sur la disparition totale de la voiture, ‘Aménités’ reconsidère sa place en centre-ville grâce à des parking-silos empilant les voitures à la verticale dans des volumes couverts de panneaux photovoltaïques.

L’auto-partage est favorisé et des lignes de bus sont rallongées pour irriguer l’ensemble de l’agglomération. Des pistes cyclables, ponctuées de parcs à vélos, prennent la place de quelques rues. Au besoin, des lignes de funiculaires sont ajoutées pour maintenir les échanges entre les différents niveaux de la ville escarpée.

De même, la mise en place de programmes variés (logements, écoles, commerces, équipements de loisirs) permet de revigorer la potentialité d’un lieu ignoré.

Sans oublier la présence, à proximité de la ville, de la forêt qu’il fallait à tout prix préserver. Une implantation a minima est consacrée à cette dernière et le plan d’occupation des sols a été redéfini. Ainsi, le patrimoine naturel est mis en valeur et l’étalement urbain maîtrisé.

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Expliquant leur démarche, les architectes parlent d’«acupuncture», d’«acte chirurgical» ou bien encore de «micro opération».

Chirurgiens de la ville, 2:pm et Dauphins y injectent des équipements opérant une mutation douce. Pas d’architecture décontextualisée ; l’enjeu est d’investir la ville en ses moindres interstices.

Et l’écologie dans tout ça ? En construisant «la ville sur la ville» et en exploitant au mieux le «tiers métropole» – en référence au tiers paysage de Gilles Clément* -, les architectes se positionnent de fait dans une telle démarche.

En rupture avec grands travaux et autres projets pharaoniques, le projet ‘Aménités’ met en relation les altérités et aménités qui composent son identité et illustre un nouveau ‘mode de ville’.

A l’opposé de la ‘ville générique’ d’un Rem Koolhaas, 2:pm et Dauphins proposent de compléter la ville.

Autres échelles, autres moeurs. A chacun son école de pensée.

Sipane Hoh

* Le Tiers paysage est un concept créé par le paysagiste français Gilles Clément afin de désigner les espaces qui présentent une richesse naturelle mais négligés ou inexploités par l’homme.

En images | Les ‘Aménités’ à échelle humaine de deux villes suisses

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NB: Cet article a été publié sur Le Courrier de l’Architecte en première publication