Le Palais Idéal en fond de toile d’une lointaine réminiscence

Le Palais Idéal en fond de toile d’une lointaine réminiscence

Le Palais Idéal en fond de toile d’une lointaine réminiscence

La Maison Lointaine © Margot Montigny

C’est le récit de l’artiste Martine Aballéa qui conçoit La Maison Lointaine, une idée spécifiquement créée pour le Palais idéal du facteur Cheval couvrant deux espaces du site. Il s’agit d’une installation concrète qui matérialise des souvenirs et s’adresse à l’imaginaire de chaque visiteur. Une œuvre complète qui interroge, instruit mais surtout séduit.

Une carte postale grandeur nature

L’artiste qui s’amusait dans son enfance à New York, à couvrir les ouvertures des maquettes de petits bouts de tissus, vient de réaliser l’un des ses rêves, occulter les fenêtres de la Maison du Facteur Cheval. Pour cela, Martine Aballéa, connue par ses photos de paysages colorées, choisit un tissus bariolé qui fait corps avec la végétation alentours. Par moment, les reflets des arbres, les couleurs de la journée et les doux effets d’ombres et de lumières se croisent pour un résultat des plus saisissants. Nous sommes devant une œuvre à part entière, une carte postale grandeur nature, un écran en perpétuel mouvement qui fascine les pupilles et hypnotise le regard. L’œuvre du Facteur Cheval sert d’écrin pour une autre œuvre, éphémère certes mais tout aussi saisissante. Mais ce petit spectacle n’est qu’un avant goût de ce qui se cache un peu plus loin, dans l’univers clos de l’espace muséographique.

Un ouvrage aux sens multiples

C’est une mise en scène imprévisible qui retient le regard, une œuvre dans l’œuvre, un ouvrage aux sens multiples qui fait appel à l’imaginaire de tout visiteur. Dans un espace fermé aux murs habillés s’apparentant à une forêt mystérieuse, une petite maison allégorique à souhait, néanmoins bien réelle, aux traits illuminés crée un univers captivant tout aussi secret. Certains diront qu’il s’agit d’une cabane magique tirée illico de l’un des contes de Grimm, tandis que d’autres se concentrent sur l’effet visuel et un hypothétique message envoyé. Et bien que l’artiste explique son inspiration de la Tiny House, la minuscule maisonnée mobile et aménagée construite par Charles Miller en 1929, les avis divergent et chacun essaye d’y édifier sa propre histoire.  

Personnellement j’opte pour une multitude d’images, de la maison merveilleuse du magicien d’Oz aux petites cabanes de plage que l’on trouve sur les rivages californiennes en passant par la roulotte en bois ou la chaumière avec son porche couvert. Une multitude de possibilités aux récits riches et tout aussi fantastiques. Des histoires peut-être enfouies dans notre imaginaire, des images qui renvoient à l’enfance, aux multiples contes lus et aux divers chemins parcourus. Par son œuvre chimérique Martine Aballéa touche une corde sensible, l’imagination. Entre légende, fable et utopie, le merveilleux prend le dessus, revient en force et enrichit l’instant. Néanmoins, après avoir plongé dans les méandres de la fiction, les illuminations des contours de La Maison nous tirent de notre apnée, nous ramènent à la réalité, une réalité très ancrée dans notre quotidien, vers la matérialité de la construction qui a nécessité moult efforts et de nouveaux procédés. Nous sommes bien dans l’espace muséographique, il suffit d’ouvrir une porte et se retrouver dehors où nous attend le Palais du Facteur Cheval pour tisser d’autres histoires.

Martine Aballéa, La Maison lointaine, 2022. Courtesy de l’artiste et du Palais idéal.
La Maison Lointaine © Margot Montigny
La Maison Lointaine © Margot Montigny

La Maison Lointaine, une exposition à découvrir au Palais Idéal jusqu’au 28 mars 2023.