Intemporelle au-delà des frontières du naturel et de l’artificiel, il s’agit de la bibliothèque municipale de Matsubara, que les architectes de l’agence MARU.architecture ont réalisé avec une grande finesse.
Aux lignes minimalistes
La ville japonaise de Matsubara située dans la préfecture d’Osaka a souhaité remplacer la bibliothèque existante par une autre. La nouvelle réalisation qui a pris place sur la même parcelle que l’ancienne se caractérise par son aspect rigoureux et ses lignes minimalistes.
Les architectes nous informent que le bâtiment d’origine était situé à côté d’un étang-réservoir dans un parc où se concentrent de nombreuses installations culturelles de la ville, et que le propriétaire avait l’intention d’occuper la place de l’étang pour construire la nouvelle structure. Les entreprises ont été invitées à soumettre des propositions portant à la fois sur la conception des alentours et la construction.
« Notre proposition gagnante considérait le site au bord de l’étang comme une condition de projet unique et, au lieu de l’occuper, nous avons suggéré de construire la bibliothèque directement sur l’eau. » Soulignent les architectes. La proposition de MARU.architecture, a reçu la faveur de tous à la fois pour sa créativité et sa rationalisation du processus de construction et du budget. En effet, il s’agit d’une architecture qui se situe au-delà des frontières du naturel et de l’artificiel.
Construite dans un étang
« Lorsque nous avons visité Matsubara, nous avons été frappés par les étangs réservoirs et les tombeaux anciens disséminés dans toute la ville. Ces structures artificielles étaient à une échelle beaucoup plus grande que les quartiers résidentiels qui les entouraient et, au fil des années, elles ressemblaient à des reliefs naturels. » Racontent les architectes qui ont entrepris une bibliothèque construite dans un étang, un projet structurellement plus difficile.
Les raisons techniques du projet ont conduit les architectes à imaginer un bâtiment dont les murs extérieurs se dressent puissamment dans l’eau, « plus proche d’un projet de génie civil que d’un projet architectural » selon les instigateurs. « Afin de protéger le bâtiment de l’eau, d’absorber les forces horizontales lors des séismes et d’assurer l’isolation nécessaire, nous avons choisi de construire ces murs en béton armé de 600 mm, trois fois plus épais que ce qui est normalement utilisé. Nous n’avons inclus que le nombre de fenêtres nécessaire pour fournir la lumière naturelle et la ventilation pour un environnement de lecture agréable. Ces murs extérieurs puissants nous ont permis de sécuriser un espace humain idéal à l’intérieur. » Rajoutent les architectes.
De riches expériences sensorielles
L’utilisation des parois extérieurs de 600 mm d’épaisseur signifie plus de liberté à l’intérieur. De même, grâce aux murs extérieurs robustes qui absorbent toutes les charges sismiques, les architectes étaient libres de mettre en œuvre une conception à deux niveaux à l’intérieur du bâtiment en utilisant une charpente en acier. Les étages progressivement décalés laissent entrevoir les niveaux adjacents, créant un espace unifié. L’itinéraire de circulation en spirale donne lieu à de riches expériences sensorielles.
Les fenêtres sont placées de manière à aspirer efficacement l’air refroidi par évaporation de l’étang, tandis que des vides décalés reliant le premier au troisième étage assurent une ventilation naturelle rafraîchissante dans tout le bâtiment. Les murs extérieurs reflètent gracieusement le passage du temps. La surface en béton du bâtiment porte des motifs variés provenant du coffrage de contreplaqué brut utilisé pour sa construction, créant une texture qui absorbe de manière transparente les changements apportés par le temps plutôt que de créer une dichotomie entre le nouveau bâtiment et le passage du temps.
De plus, la puissance et la masse des murs extérieurs rendent les mouvements contrastés des personnes et du monde naturel plus perceptibles et donnent lieu à un sentiment de passage du temps. Les architectes ont bon espoir qu’ils ont contribué à la réalisation d’un bâtiment intemporel.
Le site de MARU.architecture : ici.
Les photos : © Shinkenchiku-sha