Ces écoquartiers qui changent l’image de nos villes

Ces écoquartiers qui changent l’image de nos villes

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‘Zéro émission’, villes durables, éco-constructions, urbanisme vert et responsable, des appellations diverses pour un même constat, des mini-cités qui depuis dix ans se multiplient et métamorphosent la ville traditionnelle. Le quartier BedZed, au sud de Londres, réalisé par l’architecte Bill Dunster, fait figure de pionnier.

Monde

Au début, il y avait Sutton, la ville anglaise de 175.000 habitants, dans la banlieue sud de Londres à la frontière entre Beddington et Hackbridge. Elle comprenait une friche de 1,7 hectares.

C’est sur cette lande inoccupée que l’idée est née, un jour à l’aube des années 2000, d’implanter le quartier Bedzed (Beddington zero energy development), le premier quartier durable à zéro énergie fossile, un laboratoire architectural au service d’un environnement idéal.

L’Angleterre qui, depuis 1970, a intégré une politique de régénération urbaine pour résoudre certains problèmes sociaux et matériels, a porté son choix d’extension des villes sur ces terres jusqu’alors vacantes et disponibles.

C’est l’association Bioregional Development Group, avec l’association Peabody, qui portera ce projet dans cette ville située à 20 minutes de Londres. Le programme commandait 99 logements, 2.500m² de bureaux et de commerces, une crèche, un complexe sportif de 5.000m² ouvert au public, un restaurant ; aujourd’hui encore, cet îlot possède presque tout ce dont un quartier a besoin pour être autonome et auto-suffisant. Et ce d’autant plus que plusieurs lignes de bus traversent la ville, qu’un train assure une liaison directe avec la capitale tandis que la société maître d’ouvrage a même ouvert une agence de location de voitures en cas de nécessité.

EcoquartierVaubanFreibourg@Claire7373 Andrewglaser

Symbole de réussite, dans ce quartier la plupart des habitants travaillent désormais sur place. La vie est agréable, le piéton est roi, convivialité et entraide priment dans les relations entre voisins.

L’architecture de Bill Dunster est originale, inédite et accueillante. Les cheminées multicolores qui dépassent des habitations et pivotent sur elles-mêmes font de ce quartier unique au monde, la marque de fabrique de Bedzed. Les logements ont plusieurs typologies, quelques-uns étant même dotés d’un jardin privatif. Les orientations sont étudiées de manière à apporter le maximum d’ensoleillement et de lumière naturelle. Les intérieurs sont confortables, bien agencés et ressemblent à n’importe quel autre logement fonctionnel.

Si l’isolation est exemplaire, la maîtrise de la dépense énergétique est due à plusieurs systèmes comme le chauffage solaire et la ventilation naturelle. Une centrale de cogénération fonctionnant au bois récupéré aux alentours contribue à diminuer encore plus les besoins de chauffage des ménages et des équipements existants. Les matériaux de construction furent produits dans les environs immédiats de la ville. Plus novateur encore, des produits maraîchers naturels frais issus de l’agriculture locale sont quotidiennement acheminés vers le quartier, limitant ainsi tout déplacement supplémentaire des habitants et réduisant les coûts dus à l’emballage et au conditionnement de la marchandise.

Une fois le seuil du quartier franchi, le visiteur se retrouve de fait dans une bulle, un autre monde où la planète serait propre, édifiante et sans effet de serre. Le microcosme n’attire d’ailleurs pas seulement les étudiants et chercheurs mais des centaines de groupes de touristes curieux. Bref, une réussite.

Pas tout à fait cependant. Aujourd’hui, bien que les résultats des dix dernières années soient concluants, certains équipements complexes connaissent un ralentissement voire un arrêt. Les coûts des réparations sont exorbitants, arguent les gestionnaires du quartier, invitant ainsi les habitants ‘à se rendre à l’évidence’. La fin du beau rêve ? Certes non ; malgré tout, l’empreinte écologique de Bedzed demeure deux fois moindre que n’importe quel autre quartier traditionnel.

Une tendance mondiale ?

D’autres pays cherchent à leur tour à s’inspirer de ces idées séduisantes pour donner l’exemple dans leurs régions, pour mieux exister ou encore afin d’acquérir une image ‘verte’ désormais tant valorisée. A noter d’ailleurs qu’une structure franco-britannique avait été créée à l’époque afin de promouvoir le concept en France. Depuis, le concept d’ecoquartier a fait florès : la Chine a annoncé le projet de la ville de Dongtan, une Eco-ville de grande envergure qui devrait d’ici 2050 abriter quelques 80.000 habitants (un projet aujourd’hui gelé pour des raisons inconnues. NdA) ; les Emirats-Arabes-Unis ont lancé pour leur capitale Abou-Dhabi le projet Masdar, ‘la ville écologique en plein désert’, une première pour la région, en cours de construction depuis quelques années.

Un modèle européen ?

Si Bedzed est considéré comme le pionnier du quartier ‘zéro émission’, d’autres villes européennes, soucieuses de leurs dépenses énergétiques et/ou convaincues par ce mode de vie durable, l’ont suivi et des quartiers plus grands et plus denses ont vu le jour. Citons notamment le quartier Vauban conçu pour 5.000 habitants ainsi que le quartier Rieselfeld pour 8.000 habitants, tous les deux à Fribourg, en Allemagne.

En Europe, la dimension du quartier durable reste néanmoins modeste, utilisant le plus souvent des terrains proches des grandes villes de façon à pouvoir intégrer ces quartiers dans la maille de la ville déjà présente.

ecoquartier@ManuelAppert

Ecoquartier Lyon Confluence

De Malmö à Copenhague jusqu’en France, enfin, les nouveaux projets se multiplient, les concours d’idées attirent de plus en plus les entrepreneurs et le goût pour un mode de vie ‘durable’ tend à s’imposer dans les esprits. Ces quartiers se greffent donc à nos villes et, ce faisant, changent les comportements des habitants et s’immiscent dans le paysage urbain existant.

Quid de la ville traditionnelle ?

Tout comme les zones commerciales qui marquent les entrées de villes ont bouleversé la physionomie urbaine et les habitudes des citadins, ces écoquartiers tendent à nouveau de chambouler des habitudes architecturales et urbanistiques bien ancrées. La ville étant par définition en perpétuelle évolution, ces mutations urbaines influenceront son aspect.

Les écoquartiers, dont bientôt chaque ville n’aura de cesse de s’enorgueillir, ne sont donc que la dernière manifestation d’un mouvement dont nous sommes, ici et maintenant, acteurs et témoins.

Sipane Hoh

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Les photos de l’album : © Sipane Hoh

La photo 1: © Sipane Hoh

La photo  2:  © Claire7373 Andrewglaser

La photo 3: © Manuel Appert

N.B. Cet article est paru en première publication sur le courrier de l’architecte le 5 janvier 2011.

4 commentaires

  1. Ici Lyon Confluence ressemble à Amsterdam. L’écueil des architectures modernes c’est celui des chaînes commerciales, tout finit pas se ressembler. À ce train, d’ici un siècle, même en étant à l’autre bout du monde, on aura l’impression de ne pas avoir bougé de chez soi…

    Félicitations pour la clarté de ce nouvel espace très aéré (comme je l’ai déjà dit sur l’ancien Détails)

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