Une icône brutaliste

Une icône brutaliste

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« Maniériste et exagéré », c’est comme tel qu’en 1963 le projet de l’architecte Gottfried Böhm a été qualifié. C’est à Neviges, en Allemagne qu’un beau jour, l’architecture religieuse a pris  une toute autre tournure : celle de suivre la modernité contestée qui garde malgré tout à ce jour intact le souvenir d’une époque révolue.

Le jury avait tranché, l’excès de maniérisme collait à la peau de ce monolithe en béton brut destiné à accueillir des pèlerins venus des quatre coins du monde. Par conséquence, aucune chance pour le pritzker de voir son projet un jour réalisé.

Mais Gottfried Böhm n’avait pas encore dit son dernier mot. Outre l’église, l’architecte avait envisagé de réaménager l’ensemble de la place du village pour donner à la procession vers le monument toute sa valeur religieuse, chose qui entre autres a plu à l’archevêque de Cologne. Ce dernier s’est donc favorablement prononcé pour le projet et l’église de Neviges n’était plus un croquis sur papier mais une sérieuse proposition qui pourrait voir le jour.

Cependant, toujours sceptique, le jury a demandé une simplification des formes. Et quelle ne fut la surprise, après quatre ans de chantier, de découvrir une architecture encore plus alambiquée. Mais la fonction primait, l’église se trouve sur le point le plus culminant du terrain comme sur un piédestal chose qui met en évidence le chemin parsemé de divers escaliers. Les bâtiments consacrés à accueillir les pèlerins se trouvent sur le côté du défilé, ils s’encrent dans la pente douce et pointent vers le sanctuaire. Seul regret, la toiture conçue pour couvrir la procession n’a pas pu être réalisée pour des questions budgétaires.

Le monument présente une multitude de crêtes où le béton se plie comme un origami pour former quelques lucarnes se trouvant juste au-dessus de l’autel. Ces derniers laissent passer la lumière procurant ainsi un sentiment de protection aux pèlerins. A l’intérieur, se trouvent quelques  sculptures conçues par l’artiste allemand Elmar Hillebrand, les vitraux en rouge et blanc étant eux signés de l’architecte de l’édifice.

La disposition interne ne fait que marquer l’idée du départ selon laquelle le paysage extérieur devrait trouver une continuité à l’intérieur. Ainsi, le grand monolithe est souvent comparé à une géante tente sous laquelle la vie quotidienne poursuit son chemin.

Ce qui est frappant c’est la capacité de cette architecture, malgré son gigantisme, de se dissimuler dans un environnement traditionnel. A l’arrivée à Neviges pas de crêtes dans la ligne d’horizon, par conséquence, nul ne doute de l’impact de ces quelques pics qui une fois devant l’esplanade nous guident malgré nous vers une découverte vertigineuse d’une création architecturale exceptionnelle qui a marqué son temps.

L’église de Neviges est une véritable icône qui fait vivre le mythe brutaliste …

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Les photos : © Sipane Hoh

D’autres églises brutalistes présentées sur Détails d’Architecture: ici et .

5 commentaires

  1. Bravo ! C’est une publication nécessaire ! Car à défaut d’aimer cette architecture -faut pas pousser quand même- il faut sans aucun doute faire l’effort de la regarder avec attention et d’essayer d’en saisir la complexité, la richesse et la pertinence aussi bien plastique qu’urbaine.
    Merci, Sipane.

  2. François

    Je plussoie et je ne peux qu’être d’accord avec tout ce qui s’est dit avant. Tu as toute une liste d’églises en béton on dirait, à quand la prochaine? 😉

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