Un tour du monde rapide de la biennale d’art contemporain 2017 de Venise

Un tour du monde rapide de la biennale d’art contemporain 2017 de Venise

Que voir et que faire, où s’attarder plus qu’ailleurs ? La 57ème biennale d’art contemporain de Venise reste un terrain débordant de créativité où le regard s’égare et les sens s’aiguisent. Détails d’architecture y fera un tour rapide qui donnera probablement envie à d’autres visites.

A chaque fois, les pavillons nationaux de la Biennale de Venise se dotent de créativité pour présenter à travers l’art contemporain la production artistique de nombreux pays. Cette année, les 51 pavillons éparpillés comme d’habitude dans les Giardini et à l’intérieur de l’Arsenale viennent d’ouvrir leurs portes. Une profusion artistique qui ne laisse pas indifférent.

Baptisée « Viva Arte Viva » cette année la biennale d’art contemporain a pour commissaire Christine Marcel une figure reconnue par son implication dans le domaine de l’art et qui a déjà organisé plusieurs expositions collectives dans le monde.

Plusieurs journaux se sont amusés pour guider les visiteurs vers les cinq ou dix pavillons qui valent le détour plus que d’autres, Détails d’architecture ne donnera pas d’avis ni sur l’organisation ni sur le contenu de chaque pavillon, je ferai plutôt un échantillon personnel qui transmettra l’appétence de faire le voyage.

De l’Asie en Europe en passant par l’Arfique

Commençons par le continent asiatique et la Corée du sud dont le pavillon fait parler de nombreux critiques. Il s’agit d’un travail atypique savamment mené par Cody Choi où il enveloppe le pavillon avec des sculptures pour dénoncer le capitalisme mondial. A l’intérieur plusieurs installations qui reflètent chacune à sa manière la culture et la politique coréenne.

Faisons le tour du pavillon de l’Afrique du sud avec les deux œuvres séparées des artistes Candice Breitz et de Mohau Modisakeng qui, à travers plusieurs performances abordent les migrations forcées, un thème récurrent. Tandis que Modisakeng propose une installation vidéo qui pousse à la méditation sur le thème de déplacement, de l’esclavage et de la violence, Breitz présente à travers plusieurs écrans une juxtaposition entre reportages et entretiens. Ces derniers, présentent des réfugiés avec des séquences de film joués par des acteurs. Un intéressant assemblage qui pousse à la réflexion.

Le pavillon australien sera dédié au photographe Tracey Moffatt. Elle est l’un des artistes les plus brillants d’Australie pour ses créations de récits et de montages qui explorent un large panel de thèmes présentant aussi bien la complexité des relations interpersonnelles, la curiosité de la culture populaire que ses propres souvenirs d’enfance. Son exposition «My Horizon» comprend les nouveaux travaux avec deux grandes séries photographiques à grande échelle et deux œuvres vidéo. L’ensemble explore les voyages et fait allusion aux questions d’éloignement, d’identité et de lien humain entre autres.

Le pavillon canadien reste un énigme pour certains. Dans un édifice délabré presqu’en ruine, Geoffrey Farmer fait sensation à travers une installation simple qui fait jaillir l’eau au sein même de l’édifice, le visiteur reste pantois et entre méfiance et curiosité, il explore des thèmes comme le temps qui passe, les catastrophes ou encore la mort. Des sujets que l’artiste manipule à merveille dans un univers chaotique et un bâtiment en déshérence.

Le gravier qui recouvre le pavillon des États-Unis n’est guère avenant. Mark Bradford saisit le visiteur avec son installation qui transforme radicalement le lieu en un semblant de « champ de bataille ». Comme beaucoup des thèmes abordés par Bradford, l’installation envoie un message politique contre la discrimination et la violence. Un agencement ambitieux où le visiteur est invité explorer à travers plusieurs sens.

Le pavillon égyptien présente à travers le travail de Moataz Nasr les faits et les craintes de la vie villageoise contemporaine en Égypte. Le visiteur peut explorer une pièce où une installation multisensorielle et la projection de films à grande échelle racontent l’histoire d’un village imaginé.

Retour en Europe

Revenons en Europe plus précisément au pavillon italien avec Giorgio Andreotta Calò, Roberto Cuoghi et Adelita Husni-Bey. Tandis que le premier explore le rituel de la magie et de l’imagination, Cuoghi nous livre une installation étonnante qui ressemble à un laboratoire où des igloos en plastique cohabitent avec des figures, inspirées par des descriptions du corps de Jésus-Christ, accrochées à la croix. C’est au tour de Husni-Bey de faire sa conversation avec des cartes de tarot. Un univers tout aussi déroutant que fascinant.

Le pavillon suisse où exposent Carol Bove, Teresa Hubbard et Alexander Birchler, se démarque par la présentation d’un film de 30 minutes qui trace la vie de l’artiste Flora Mayo, amoureuse de Giacometti. Dans un décor en circonstance, à travers des images documentaires, les visiteurs assistent entre autre, à la palpitante histoire de cette femme qui a inspiré le grand artiste.

Le pavillon espagnol présente une bien curieuse exposition. Menée savamment par l’architecte et l’artiste Jordi Colomer, il s’agit d’une installation qui rassemble des architectures théâtrales éphémères. Ces derniers poussent les visiteurs à une réflexion sur  l’ambivalence d’une population mobile. De même, l’historien de l’art, explore, à travers des vidéos enregistrés dans divers zones de la planète, les histoires des populations nomades. Une exploration atypique qui met en avant des espaces urbains inhabités.

Le pavillon allemand, quand à lui se démarque par une pièce unique créée par Anne Imhof où le visiteur marche sur des plates-formes en verre surélevées et regarde des artistes habillés en noir en plein performance. Dans un extraordinaire décor, l’artiste explore avec brio plusieurs thèmes comme le pouvoir, la politique et les sentiments d’aliénation qui frappent comme un fouet notre société.

Et finalement retour au pavillon français avec Xavier Veilhan et son installation qui s’inspire des écoles d’art multidisciplinaires historiques comme le Bauhaus. L’intention de l’artiste est de présenter un travail collaboratif où le processus est mis à nu. Une performance maîtrisée avec justesse.

Bref, comme à chaque fois, il faut aller visiter la biennale d’art contemporain de Venise qui se déroulera jusqu’au 26 novembre 2017.

Pour toute information, consultez le site de la Biennale de Venise: ici.