Un tour du monde rapide de la biennale d’architecture de Venise 2021

Un tour du monde rapide de la biennale d’architecture de Venise 2021

Hashim Sarkis est le commissaire de la 17ème Biennale d’architecture de Venise qui a pour thème : « Comment allons-nous vivre ensemble? ». Après une année blanche, la Biennale vient d’ouvrir ses portes au public, un public timide mais curieux qui va découvrir les diverses propositions de chaque pays.

Avec 63 participations nationales et 17 évènements collatéraux, le 17ème Biennale d’architecture de Venise vient d’ouvrir ses portes. Après la pandémie qui a affecté le monde entier, « Comment allons-nous vivre ensemble? », amplifie et met en avant tous les problèmes abordés. Quatre pays sont présents pour la première fois.

Les pavillons

Le Pavillon américain présente une exposition qui explore l’omniprésence et le pouvoir esthétique de la construction à ossature de bois dans l’architecture américaine. l’exposition cherche à mettre en évidence un élément architectural qui, selon ses instigateurs, a été la plupart du temps négligé par le discours historique et contemporain à travers des photographies, des modèles et des meubles adaptés au site. Une installation monumentale en bois a été ajoutée à l’extérieur du pavillon américain pour la biennale d’architecture de Venise 2021.

Le pavillon nordique se caractérise par l’installation de helen & hard, il s’agit d’un projet de cohabitation qui met en avant l’habitat intergénérationnel. La structure en bois s’inscrit directement dans l’architecture du pavillon, qui a été conçu par l’architecte norvégien sverre fehn. les visiteurs peuvent explorer une coupe transversale d’un prototype de projet de cohabitation qui comprend des zones communales et semi-privées animées initiant une conversation sur les aspects sociaux et politiques du co-living. Une présentation complète du projet qui comprend des entretiens avec les résidents, des vidéos et de la documentation, ainsi que d’autres documents de base, est disponible en ligne.

le pavillon britannique de la biennale de Venise pose une question pertinente et se demande pourquoi tous les espaces publics ne peuvent-ils pas être charmants? En effet, le pavillon est  transformé en jardin des délices et entraîne les visiteurs dans un voyage à travers six environnements immersifs, dont chacun explore le thème de l’espace public privatisé au Royaume-Uni.

Tandis que le pavillon estonien de la Biennale Architettura 2021 explore le rôle de l’espace urbain dans l’avenir des petites villes, le pavillon danois plonge les visiteurs dans un système d’eau cyclique et présente une exposition centrée sur la connexion des personnes entre elles et avec la nature. Un peu plus loin, l’exposition des émirats arabes unis, explore comment les marais salants du pays inspirent des matériaux de construction renouvelables.

Le pavillon néerlandais remet en question les prémisses de la Biennale de Venise avec « Qui sommes-nous? » L’exposition soutient que le «nous» dans le discours urbaniste exclut souvent non seulement les peuples marginalisés, mais aussi les plantes et les animaux. L’exposition consiste en un plaidoyer pour le vivre ensemble dans tous les sens du terme en remettant en question les divers aspects de la vie.

Le pavillon argentin de la Biennale de Venise 2021 explore le logement public et collectif. « The Infinite House » est un projet inspiré par des maisons traditionnelles argentines, il réfléchit à l’identité du logement public argentin et au rôle que le logement collectif, tant public que privé, a joué dans l’histoire et la société du pays. Quant au pavillon uruguayen, il présente un montage ludique qui aborde non seulement l’espace mais aussi la proximité temporelle.

Le pavillon de Taiwan dévoile l’impact de la migration Intitulé Primitive Migration from / to Taiwan. La proposition architecturale cherche à se demander comment Taiwan, avec une population actuelle d’environ 23 millions d’habitants, peut maintenir son mode de vie unique et sa culture architecturale tout en étant entourée sur tous les fronts par les montagnes, les forêts et les océans. L’exposition explore un concept singulier qui met nos cinq sens en éveil.

Le pavillon de l’Arménie explore les sujets de la coexistence et de la recherche d’un sentiment d’identité dans les contextes numériques d’aujourd’hui. L’installation expérimentale permet aux visiteurs d’explorer les caractéristiques de l’interaction humaine à travers des supports physiques et numériques, créant une «hybridité des identités».

La participation officielle du Brésil à la Biennale de Venise 2021 est intitulée « Utopies de la vie commune ». Elle se compose de deux sections présentées dans chacune des deux salles qui forment le pavillon brésilien. La plus petite salle accueille la section Futures of the Past, consacrée à deux designs emblématiques de l’architecture moderne et aux utopies qui les ont guidés tandis que la grande salle met en vedette Futures of the Present, où sont projetées deux vidéos spécialement commandées pour la Biennale Architettura 2021, reflétant de manière utopique l’occupation des métropoles contemporaines.

Le pavillon de Singapour de la Biennale de Venise 2021 présente les différentes manières dont les Singapouriens partagent les espaces publics. Le pavillon examine également la diversité urbaine du pays le contexte et les différentes échelles structurelles, il étudie également la manière de la contribution de ces espaces à la vie sociale. Pendant ce temps, le pavillon du Canada explore de nouvelles façons de reconnaître, d’organiser et de découvrir l’environnement bâti à l’aide de la technologie de l’écran, des vidéo et du son immersif.

Le pavillon japonais de la Biennale de Venise 2021 aborde la consommation de masse et la réutilisabilité en invitant les visiteurs à réfléchir sur le mouvement des marchandises alimentant la consommation de masse et à repenser la durabilité et la réutilisation dans l’architecture. L’exposition met en exergue une ancienne maison japonaise démontée et transportée à Venise pour qu’elle soit reconstruite dans une nouvelle configuration avec l’ajout de matériaux modernes. L’exposition illustre comment des matériaux anciens pourraient avoir une existence entièrement nouvelle en mettant le mouvement actuel des marchandises au service de la réutilisation plutôt que de la consommation.

Le pavillon italien réfléchit à la résilience des communautés locales face au changement climatique. Intitulée «Communautés résilientes», l’exposition, à trevrs un laboratoire de recherches interdisciplinaires, présente la recherche et l’innovation italiennes dans de nombreux domaines, explorant des idées pour améliorer les conditions de l’environnement bâti et lutter contre le changement climatique, dans l’espoir de définir les éléments constitutifs d’un avenir durable. L’exposition est divisée en deux thèmes complémentaires: une réflexion sur la résilience urbaine italienne et une exploration des perspectives et visions futures.

Le pavillon de la Russie pour la Biennale de Venise 2021 explore le rôle des institutions culturelles dans les espaces physiques et numériques. Intitulé « Open », le programme explore le sujet sur plusieurs fronts, de la rénovation de son architecture physique à la recherche sur le rôle social des environnements virtuels et une collection de perspectives sur les nouvelles façons de penser dans le domaine institutionnel.

Tandis que le pavillon finlandais revisite, via l’exposition ntitulée « New Standards » un moment de l’histoire locale où une crise de réfugiés a conduit à de nouvelles façons de construire et à une reconfiguration de l’espace domestique, des sujets qui ont fini par influencer différents endroits à travers le monde, la contribution suisse à la 17ème Biennale de Venise explore la dimension spatiale et politique de la frontière du pays, en étudiant les implications sociales de ce territoire habité. L’exposition détaille une série de processus participatifs exécutés le long de la frontière suisse qui explorent la frontière et ses habitants, révélant le caractère poétique de l’espace.

Intitulé «Un toit pour le silence», l’exposition présentée au pavillon libanais de la 17ème Biennale internationale d’architecture de Venise explore la question du vivre ensemble en abordant la question de la coexistence à travers des espaces de silence, et en mettant en dialogue architecture, peinture, musique, poésie, vidéo et photographie.  

Le thème du pavillon allemand répond par un regard en arrière sur le futur. Les commissaires de 2038, intitulé de l’exposition, proposent un retour sur le présent du futur. Un cadeau à certains égards dystopique et définitivement très différent de ce que nous imaginions il y a seulement 18 mois, alors que la pandémie de COVID-19 ne faisait que commencer. Espérons que l’avenir envisagé dans le pavillon allemand se réalisera: une «ère de nouvelle sérénité. 2038 est une fiction justifiée par les connaissances d’experts en architecture et art, économie et écologie, philosophie et politique, science et technologie, représentant comment nous aimerions vivre ensemble à l’avenir.

Intitulée «Le commun dans la communauté», l’exposition slovène détaille les espaces architecturaux d’interaction sociale construits après la Seconde Guerre mondiale dans les zones rurales et suburbaines de Slovénie, qui continuent de servir de centres communautaires locaux. Un peu plus loin, le pavillon hongrois de la Biennale de Venise 2021 explore l’architecture socialiste souvent difficile et examine comment cet héritage pourrait être reconsidéré et donné un nouvel avenir.

La contribution de l’Autriche à la Biennale de Venise 2021 met en lumière les plates-formes numériques et l’environnement bâti. la Biennale de Venise 2021 aborde le développement de nos villes associé à la montée de l’urbanisme des plates-formes, transformant le pavillon lui-même en une plate-forme d’engagement critique actif avec les potentiels de l’avenir et son architecture. Ailleurs, l’exposition de la République dominicaine invite les visiteurs à redécouvrir leur lien avec la nature. Quand au pavillon polonais, il explore l’avenir de la campagne via une exposition intitulé « Trouble in Paradis » le visiteur découvre comment les zones rurales sont un élément important de la construction d’environnements humains durables, étant donné les crises qui entourent le monde aujourd’hui.

Le pavillon espagnol se démarque par un large éventail d’objets non présentes dans les conceptions traditionnelles de l’architecture mais qui nous conduisent les visiteurs à explorer de nouveaux territoires. Avec l’exposition Uncertainty les limites du réel sont repoussées, l’incertitude constitue-t-elle une nouvelle certitude ? Des questions en suspens qui font ressortir un constat évolutif. L’exposition sert de catalogue de stratégies architecturales qui ont qui tentent de répondre aux futurs besoins de logement, non seulement sur le plan social, mais aussi sur le plan environnemental.  

Le pavillon français met en avant l’architecte, qui, selon le commissaire a un rôle à jouer dans le monde de demain. En effet, à travers un voyage architectural et l’étude de cinq cas, l’exposition propose un regard sur les habitants qui interagissent avec leur environnement et leurs cadres de vie.

L’Ouzbékistan participe pour la première fois à la Biennale d’architecture de Venise à travers une exposition qui célèbre une forme de vie communautaire en déclin. Le visiteur découvre une réplique à grande échelle d’une maison dans un mahalla qui sont des zones centrées sur des liens communautaires ou familiaux avec leurs propres formes distinctives de logements bas et à haute densité, d’espaces domestiques et de rues urbaines, avec de nombreuses variations régionales existant en Asie centrale et dans le monde arabe. Les conservateurs voient dans la mahalla le potentiel «d’offrir à la société urbaine un modèle durable et écologique».

Les différents pavillons de la Biennale d’architecture de Venise sont, comme à leur accoutumée, à découvrir sans tarder. Il est question d’espace public, d’économie circulaire, de cadre de vie, bref des installations diverses qui titillent la curiosité de tous.