Arata Isozaki, quarante et un siècles vous contemplent

Arata Isozaki, quarante et un siècles vous contemplent

@AIsozaki

Direction l’Egypte. Arata Isozaki, figure du métabolisme japonais puis du postmodernisme, poursuit son oeuvre par delà l’archipel nippon. A Alexandrie, l’architecte promet de livrer en 2015 la première phase d’un ambitieux campus : l’Université japonaise des sciences et technologies. Le 29 décembre 2012, le site participatif de langue arabe Al Bonah revient sur l’acte fondateur d’un projet monumental.

Egypte | Culture | Arata Isozaki

Contexte
En 2008, le bureau du Premier ministre égyptien a lancé un concours d’idées suite à un accord entre les gouvernements égyptien et japonais pour la construction de l’Université japonaise des sciences et technologies (E-Just) en Egypte.
Le 30 juillet 2009, une liste de soixante-quinze participants a été établie ; la deuxième étape du concours a donné lieu à la visite du site, à l’analyse des plans architecturaux ainsi qu’à l’étude minutieuse des enjeux environnementaux. Ne restait alors que neuf concurrents.
Le cahier des charges imposait la prise en compte d’une réflexion sur la culture égyptienne et japonaise et leur impact respectif sur le concept urbanistique et architectural du projet. En outre, les questions de développement durable, d’énergies renouvelables, de ressources alternatives devaient être posées.
A l’issue du processus, trois bureaux d’architecture – tous trois japonais – ont été sélectionnés : Arata Isozaki & Associates Ltd ; Horishi Hara / Horishi Hara + Atelier Φ – Kazuhiro Kojima / C + A, Coelacanth and Associates ; Sou Fujimoto Architects.
A l’heure du Printemps arabe, les grandes agences d’architectures telles que Zaha Hadid Architects ou encore A.S.Architecture-Studio voient leurs projets de logements sur le sol égyptien suspendus. Arata Isozaki et son agence se retrouvent en revanche mandatés par les autorités égyptiennes pour la construction de l’Université japonaise des sciences et technologies. La culture n’est pas un luxe.
SH

C’EST OFFICIEL… ARATA ISOZAKI CONCOIT L’UNIVERSITE JAPONAISE D’EGYPTE
Al Bonah

ALEXANDRIE – La signature du contrat relatif au projet de l’architecte japonais Arata Isozaki, lauréat du concours pour la construction de l’Université japonaise des sciences et technologies d’Egypte (E-Just), s’est déroulée sous le haut patronage du ministre égyptien de l’éducation nationale, Moustapha Massaad.

Le contrat comprend toutes les conceptions architecturales de l’Université japonaise qui va s’installer sur un nouveau site établi dans le quartier Burj al’arab. La superficie totale du terrain étant de 200 acres (81 hectares, ndlr), les différentes étapes de la construction seront supervisées du début jusqu’à la fin par l’agence mandatée.

L’accord a été signé côté égyptien par le Dr Ahmed Khairy – directeur de l’Université concernée – et la société japonaise maître d’oeuvre du projet, représentée par Hiroshi Aoki, directeur du bureau conseil de l’architecte Arata Isozaki.

Il est à noter que l’agence d’architecture d’Arata Isozaki a été désignée lauréate du concours parmi soixante-quinze propositions égyptiennes et japonaises. Qui plus est, le bureau japonais est le premier au Japon et le troisième dans le monde selon le classement parisien de l’Union Internationale des Architectes (UIA).

La conception se caractérise par une simplicité remarquable qui représente le sommet de l’évolution. Le projet comprend tous les ingrédients nécessaires pour réunir sur le même site laboratoires, centre de recherche, logements pour étudiants, centre de conférences et lieux d’expositions. Le tout forme une vitrine de la culture et de la technicité ainsi que des dernières innovations de la société japonaise.

Il s’agit également d’un lieu de rencontres entre chercheurs égyptiens et africains et la culture japonaise. En un sens, le campus va devenir un moyen concret de consolider les liens entre les deux pays.

L’idée du projet

La conception d’un campus universitaire fait habituellement la distinction entre les différentes facultés au sein d’une même université. Il s’agit ici d’une tentative clairvoyante de remettre en cause ces méthodes traditionnelles de conception.

Au lieu d’appliquer des méthodes jugées ancestrales, le projet se compose d’une multitude de ‘champs communs’ disposés en cercle ouverts et offerts à tous les usagers (étudiants, chercheurs, professeurs, etc.). Les différents champs sont liés symboliquement de façon à représenter les diverses activités présentes au sein de chaque groupement.

Le campus est donc composé de plusieurs couches dont chacune possède son domaine privé ainsi que ses propres lois. Le programme est divisé en cinq catégories : l’implantation environnementale, les constructions, l’étude du système de transports, les espaces paysagers et les infrastructures.

Le consul japonais en Egypte était personnellement présent à la signature du contrat. Au terme du délai de six mois à compter de la date de signature du contrat, le bureau consultatif devrait compléter et rendre les documents nécessaires pour que les travaux puissent commencer sur le site. Suivant le calendrier proposé, la première phase des travaux devrait durer deux ans.

Al Bonah | Egypte
29-12-2012
Adapté par : Sipane Hoh

La photo: © Arata Isozaki

N.B. Cet article est paru en première publication sur le courrier de l’architecte le 13 février 2013.