«Dénuée d’architecture», la Biennale de Venise, selon Leopoldo Freyrie

«Dénuée d’architecture», la Biennale de Venise, selon Leopoldo Freyrie

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Dans un article paru le 29 août 2012 dans la revue Edilizia et Territorio, le président de l’Ordre des architectes italiens définit la XIIIe édition de la Biennale d’Architecture de Venise comme «détachée de la réalité, autoréférentielle et dénuée d’architecture». Une sentence à laquelle échappe notamment, selon lui, l’«intelligent» pavillon italien.

Italie | Venise | Biennale d’Architecture de Venise

Contexte
Ayant ouvert ses portes le 29 août dernier sous la direction générale de l’architecte britannique David Chipperfield, la treizième édition de la biennale d’architecture de Venise a pour thème ‘Common Ground’.
Au total, quarante-et-un pays participent à l’événement devenu le rendez-vous des starchitectes et, a priori, le révélateur de nouveaux talents de la scène architecturale mondiale. Pour autant, Leopoldo Freyrie, président de l’Ordre des architectes italiens, ne voit pas cette Biennale d’un bon oeil.
Lors d’un entretien avec le magazine italien Edilizia et Territorio au sein du pavillon national fin août, l’architecte fut particulièrement critique à l’égard de l’ensemble des expositions. A quelques exceptions près (Russie, Japon), le président de l’Ordre des architectes italiens condamne les pavillons internationaux.
A l’inverse, il estime que le pavillon italien confié à Luca Zevi – ayant pour thème ‘Les quatre saisons, Architectures du Made in Italy d’Adriano Olivetti à l’Economie Verte’ – est «intelligent, ce qui montre que l’Italie a de solides bases».
SH

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«UNE BIENNALE DETACHEE DE LA REALITE, AUTOREFERENTIELLE ET DENUEE D’ARCHITECTURE»
Paola Pierotti | Edilizia et Territorio

VENISE – «C’est une biennale étrangère à la réalité, indifférente à la crise globale, laquelle concerne directement la ville et ses habitants. Elle est autoréférentielle et inadaptée car l’architecture doit offrir des solutions». Leopoldo Freyrie, président de l’Ordre des architectes italiens, critique vivement la Biennale d’architecture 2012 de Venise.

Leopoldo Freyrie cite quelques exceptions comme le thème du pavillon japonais – la reconstruction de maisons pour tous ceux qui ont perdu la leur lors du tremblement de terre de l’année passée – ou telle la régénération d’une ville russe où furent produits des missiles. «Mais, en général, l’ensemble de la biennale est extrêmement décevant», martèle-t-il.

«Je ne vois aucun rapport avec le titre de la Biennale, ‘Common Ground’. Au-delà d’un thème, il fallait en déduire quelque chose de concret».

Parlant des expositions des starchitectes, Leopoldo Freyrie ne mâche pas ses mots : «trop d’exercices de style de la part des architectes invités par Chipperfield. Je trouve complètement inutile le formalisme de Zaha Hadid ou le choix d’Herzog et de Meuron de parler d’eux-mêmes en faisant l’historique de la construction de la Philharmonie de Hambourg». Où est donc le «Common», se demande Leopoldo Freyrie. «Un non-architecte qui visitera cette Biennale ne verra nullement de Common Ground».

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La critique de Leopoldo Freyrie ne s’arrête pas là. Il met également en cause le choix du commissaire de regarder en arrière au lieu de regarder en avant. Le président a également déploré l’absence d’architectes italiens parmi les invités de David Chipperfield. «Il manque des représentants de la profession, il y a seulement des académiciens et des critiques», a-t-il souligné.

Le pavillon italien ? «Un travail intelligent qui prouve que l’Italie a de solides bases. Il ne s’agit pas d’un projet novateur mais il met l’accent sur un raisonnement que nous devons continuer à mener. C’est un excellent travail accompli avec un budget réduit et réalisé en un temps record».

«Dans l’ensemble, cette biennale a manqué l’architecture. Non dans ce qu’elle représente mais dans ce qu’elle a de tangible. Tant de vidéos et de performances pour in fine peu d’architecture au sein de l’Arsenal. D’ailleurs, avec autant d’eau autour de l’Arsenal, pourquoi n’y a-t-il aucun projet flottant ?», a conclu Leopoldo Freyrie.

Paola Pierotti | Edilizia et Territorio | Italie
29-08-2012
Adapté par : Sipane Hoh

Les photos: © Sipane Hoh

N.B. Cet article est paru en première publication sur le courrier de l’architecte le 03 octobre 2012.