
C’est la centrale de production de déchets en énergie la plus propre au monde. Elle se trouve à CopenHill, au Danemark et c’est l’agence d’architecture BIG (Bjarke Ingles Group) qui l’a réalisée. Le monolithe qui représente la nouvelle génération d’usines participe à l’objectif de Copenhague de devenir la première ville neutre en carbone du monde d’ici 2025.
Vers un monument architectural
CopenHill, également connue sous le nom d’Amager Bakke, est une usine de valorisation énergétique des déchets de 41 000 m² dotée d’un centre de loisirs urbain et d’un pôle d’éducation à l’environnement, transformant l’infrastructure sociale en un monument architectural.
« Il n’y a aucune colline ou montagne au Danemark, nous avons donc eu l’idée de créer une montagne artificielle pour le ski. » explique Bjarke Ingels, le 3 Octobre 2019 lors de la conférence de presse.
La station de ski de BIG, qui vient d’ouvrir ses portes, a remporté la compétition internationale en 2011. En tant que plus grande initiative de lutte contre les déchets au Danemark, le maire de Copenhague, Frank Jensen, a présidé la première course sur les pistes. CopenHill est inauguré avant le sommet des maires qui se déroulera à Copenhague cette année, il s’agit d’un rassemblement historique de 96 villes membres engagées dans diverses actions audacieuses contre le changement climatique.
« Nous sommes très fiers d’avoir construit l’usine de valorisation énergétique des déchets la plus éconergétique au monde. En même temps, l’usine offre les meilleures performances environnementales sans pratiquement aucune émission, ce qui nous permet d’avoir des voisins à seulement 200 mètres et d’être situés à moins de 2 km de la résidence Queen’s. Enfin, nous avons réussi à construire la centrale de valorisation énergétique des déchets la plus sûre, afin que les citoyens et les visiteurs du monde entier puissent skier sur le toit. » a déclaré Jacob Simonsen, le directeur général d’ARC (Amager Ressourcecenter).
Du fait de son emplacement sur le front de mer industriel d’Amager, les différentes installations industrielles brutes sont devenues le lieu de prédilection pour les sports extrêmes allant du wakeboard au karting. La nouvelle centrale électrique se dote d’une piste de ski, de la randonnée et de l’escalade , de quoi aiguiser la curiosité des amateurs de sensations fortes.
« CopenHill est une expression architecturale avérée de quelque chose qui, autrement, serait resté invisible: il s’agit de la centrale de valorisation énergétique des déchets la plus propre au monde. En tant que centrale électrique, CopenHill est tellement propre que nous avons pu transformer sa masse de bâtiment en un socle pour la vie sociale de la ville, ainsi, sa façade est grimpable, son toit est aménagé et ses pentes sont skiables. Un exemple clair de la durabilité hédoniste. Une ville durable est non seulement meilleur pour l’environnement, mais également plus agréable pour la vie de ses citoyens. » A souligné Bjarke Ingels, fondateur et directeur de la création de BIG.
La relation entre le bâtiment et la ville
Les volumes internes de la centrale sont déterminés par le positionnement et l’organisation de ses machines, ce qui crée un toit efficace et en pente, adapté à un terrain de ski de 9 000 m². Au sommet, les experts peuvent glisser sur la piste de ski artificielle, tester le parc de freestyle ou essayer le parcours de slalom chronométré, pendant que les débutants et les enfants s’entraînent sur les pentes les plus basses. Les skieurs montent dans le parc depuis la plate-forme de levage, par des tapis ou des ascenseurs en verre pour avoir un aperçu permanent du fonctionnement de l’usine de traitement des déchets.
« Nous voulions faire plus qu’une simple création d’une belle peau autour de l’usine. Nous voulions ajouter des fonctionnalités! Au lieu de considérer l’Amager Ressourcecenter (ARC) comme un objet isolé, nous mobilisons l’architecture et nous intensifions la relation entre le bâtiment et la ville, en étendant les activités existantes dans la région en transformant le toit du nouvel ARC en piste de ski ouvert à tous. En proposant une nouvelle génération d’usines de valorisation énergétique des déchets, économiquement, écologiquement et socialement durable, l’installation devient une partie intégrante de la ville et redéfinit la relation entre la production et les loisirs, entre l’infrastructure énergétique et l’infrastructure sociale, entre l’usine et la ville. » A déclaré David Zahle, l’associé de BIG.
Dans le pays plat qu’est le Danemark, les amateurs de loisirs et les visiteurs flaireront la montagne. Quant au non-skieurs, ils peuvent profiter du bar sur le toit, de la zone de cross-fit, du mur d’escalade ou du plus haut plateau d’observation de la ville avant de descendre le sentier de randonnée et de course de 490 m bordé d’arbres dans un terrain montagneux luxuriant conçu par Danish Landscape Architects SLA. Pendant ce temps, le toit vert de 10 000 absorbe la chaleur, en éliminant les particules d’air et en minimisant le ruissellement des eaux pluviales.
Selon les spécialistes, sous les pentes, les générateurs d’air chaud, la vapeur et les turbines convertissent chaque année 440 000 tonnes de déchets en énergie propre et suffisante pour fournir de l’électricité et le chauffage urbain à 150 000 foyers. La nécessité pour la centrale de s’acquitter de cette tâche, des puits de ventilation aux prises d’air, contribue à créer la topographie variée d’une montagne. L’équipe de l’ARC occupe dix étages d’espaces administratifs, dont un centre de formation de 600 m2 pour des visites académiques, des ateliers et des conférences sur la durabilité.
Textures et records
Plutôt que de considérer l’ARC comme un objet architectural isolé, l’enveloppe du bâtiment est conçue comme une opportunité pour le contexte local tout en formant une destination et une réflexion sur la vision progressive de l’entreprise. La façade continue de Copenhill est composée de briques d’aluminium de 1,2 m de hauteur et de 3,3 m de largeur, superposées comme de gigantesques briques. Entre les deux, les fenêtres vitrées permettent à la lumière du jour de pénétrer à l’intérieur de l’installation, tandis que les grandes ouvertures de la façade sud-ouest éclairent les postes de travail des étages administratifs. Un mur d’escalade de 85 m est installé sur la plus longue façade verticale. Il s’agit du plus haut mur artificiel d’escalade au monde, permettant ainsi de battre de nouveaux records avec des vues à l’intérieur de l’usine.
« CopenHill est pour moi un parfait exemple de la puissance mondiale de l’architecture en mutation. Que nous ayons le pouvoir de donner forme à l’avenir dans lequel nous voulons vivre. Mon fils ne se souviendra plus jamais qu’il fut un temps où on ne pouvait pas skier sur le toit de la centrale ou escalader ses façades. Il prendra cela pour acquis et toute sa génération le sera aussi. L’énergie propre et les centrales électriques skiables vont devenir la base de leur imagination, la plate-forme à partir de laquelle ils vont sauter et proposer des idées nouvelles pour leur avenir. Me tenir au sommet de cette montagne créée par l’homme que nous avons passé à créer depuis une décennie, me rend curieux et excité de voir quelles idées ce sommet pourrait susciter dans l’esprit des générations futures. » Déclare Bjarke Ingels tout sourire.
Au bas de la piste de ski, un bar de 600 m² accueille les habitants et les visiteurs qui souhaitent se détendre une fois les chaussures enlevées. L’incinérateur d’autrefois est devenu aujourd’hui la nouvelle destination récréative destinée aux familles. Un projet économiquement, écologiquement et socialement exemplaire.



Le site de BIG : ici.