Quand l’église devient un écrin d’exposition

Quand l’église devient un écrin d’exposition

Quand l’église devient un écrin d’exposition

© FG+SG – Fernando Guerra

C’est une exposition thématique installée par l’agence d’architecture portugaise Spaceworkers, à l’intérieur d’une église portugaise historique qui explore l’intersection entre une architecture éthérée et minimaliste, avec une architecture existante vieille de plus de 800 ans, où deux matérialités coexistent et se renforcent mutuellement. La proposition cherche à conduire le visiteur le long d’un parcours immersif et transparent, presque irréel, où l’on peut croiser une multitude d’informations, entre le présent et le passé. Une sorte de réalité augmentée « analogique » assume ici la devise de tout le projet muséographique.

Subtil, fin et délicat

Au Portugal, le projet de muséographie du Panteão dos Almeida, dans l’église de Santa Maria do Castelo à Abrantes, vise l’adaptation et la requalification intérieure de l’agence d’architecture portugaise Spaceworkers, d’une ancienne église répondant avec brio à la rigueur des restrictions imposées par les entités qui supervisent l’intervention sur le patrimoine. Une opération qui ne permet aucune modification de l’existant autre que la peinture et l’entretien des matériaux. Un projet subtil, fin et délicat.

Le bâtiment historique de la ville d’Abrantes, construit en 1215 par D. Afonso II, reconstruit plus tard, en 1433 par D. Diogo Fernandes de Almeida, l’un des personnages centraux de ce projet, doit recevoir une intervention totalement réversible et minimaliste pour ne pas concurrencer la grandeur historique de l’existant. Dans cet esprit, une intervention d’apparence éthérée et simple a été pensée, un projet qui pourrait dialoguer avec le préexistant, tout en créant un espace ouvert et fluide, capable d’explorer de nombreuses relations visuelles et conceptuelles entre la proposition et l’existant. Il sert également d’élément d’interprétation de l’église, tout en définissant les hiérarchies de la conception de l’exposition, créant une expérience immersive pour les visiteurs.

Explore le sens de l’immatériel et du matériel

La proposition s’est concrétisée par la construction d’une plate-forme en bois de pin, posée sur un sol en argile existant, tout en décollant les murs pour donner l’impression d’un sol qui flotte dans l’espace, comme s’il s’agissait d’une nouvelle couche d’histoire, permettant également de percevoir le sol existant, qui raconte une autre épopée. L’architecture de l’exposition explore le sens de l’immatériel et du matériel, sa perméabilité permet de visualiser toute l’étendue de l’église, une sorte de réalité augmentée, des couches d’informations juxtaposées à l’existant. Défiant l’échelle du lieu, la proposition assume différentes dimensions, rythmes et proportions des structures d’exposition, qui sont simples, éphémères, transparentes et, qui parviennent avec peu de volume et peu de matière, à communiquer avec subtilité tout en faisant allusion au sacré et à sa logique constructive.

Le plancher en bois supporte les structures métalliques de différentes dimensions, avec des vitres variant entre 5m, 3m et 2m de hauteur. Ceux-ci sont encastrés à une profondeur de 30 cm dans des pièces métalliques, qui font de sorte que le ballast construit en bois supporte le poids de la structure. Les différentes pièces sont réparties dans l’espace muséal, selon un agencement qui suit la géométrie du bâtiment et profite de la verticalité et de l’échelle. Les lignes de lumière, qui traversent tout l’étage du musée, élevant l’espace avec une ambiance énergique et active, se répètent dans les cadres en verre qui soutiennent les éléments graphiques de l’exposition et jouent un rôle central dans l’ensemble du projet.

© FG+SG – Fernando Guerra
© FG+SG – Fernando Guerra
© FG+SG – Fernando Guerra
© FG+SG – Fernando Guerra
© FG+SG – Fernando Guerra

Le site de Spaceworkers : ici.

Les photos : © FG+SG – Fernando Guerra