La maison des trois ruisseaux, entre déconstruction et approche conceptuelle
La topographie du terrain, la mémoire matérielle des forts environnants, la lumière de la forêt et les profonds ravins qui s’y déversent ont créé un palimpseste dominant de paramètres contextuels sur lesquels la maison s’est construite. Il s’agit d’une réalisation remarquable signée Malik Architecture (Arjun Malik, Kamal Malik).
Existante depuis quatre générations, la maison se comporte comme un village condensé, permettant une vie privée et communautaire. La fluidité du grand mur porteur qui trace la crête entre deux ravins ancre le projet et s’impose comme un élément « inconnu », faisant écho aux contours et aux matériaux des murs des forts de Tungi et de Lohgad à l’est et au nord du site. À mesure que le site s’écoule vers le lac Pawna, la maison s’étend, choisissant des clairières dans les arbres pour capturer la vue sur le lac. Les stratégies d’urbanisme formelles sont incapables d’absorber le flux radical de la terre et de l’eau, et tout, de la qualité spatiale au langage matériel, fait écho à l’esprit du site. Le mur se rompt aux endroits où la Véranda enjambe le ravin et continue dans la forêt jusqu’au second ravin, au-delà de la crête. Les espaces nuit sont encastrés dans la forêt, tandis que les espaces publics adoptent un maniérisme de vol suspendu au nord et à l’est. La toiture épouse la topographie des perchoirs, suivant le tracé de la colline ; son langage de chevrons empennés et de zinc patiné contraste naturellement avec la robustesse du basalte extrait localement. Ses contours font référence à l’horizon et à la colline.
Le langage déconstruit des structures arborescentes qui soutiennent la toiture libère les limites où les espaces ombragés et la forêt se confondent. La maison occupe les espaces vacants entre les zones de végétation dense afin d’éviter l’abattage des arbres existants. Cela favorise la fluidité naturelle et renforce le contact entre l’espace bâti et la nature, améliore le microclimat et amplifie l’effet rafraîchissant des brises dominantes, garantissant ainsi une ventilation 100 % naturelle de la maison. Flottant : Les ruisseaux de montagne existants ont été cartographiés et préservés afin de préserver le schéma d’écoulement des eaux pendant la mousson. Certaines parties de la maison sont construites sur une crête entre deux de ces ruisseaux afin de maximiser leur potentiel de refroidissement, et l’une des principales vérandas flotte au-dessus du ruisseau comme un pont. La circulation du vent à travers la maison est donc amplifiée. Les espaces communs orientés au nord et à l’est (orientations souhaitables dans cette région) sont des vérandas poreuses avec de profonds avant-toits offrant une protection contre le soleil direct et la pluie, tout en permettant un mouvement continu de la brise et du paysage/des arbres.
Les espaces privés sont encaissés sur le bord sud de la crête principale, surplombant le grand ravin/ruisseau de mousson. Un grand mur de pierre, courant du sud au nord le long de la crête, relie ces espaces, mais s’ouvre pour laisser circuler les brises d’est en ouest et le paysage à l’horizontale. La forêt dense à l’ouest ombrage ces espaces, et l’angle sud-ouest s’élève au-dessus du terrain pour protéger la maison du soleil de l’après-midi. L’emplacement de deux chambres sous la piscine assure un rafraîchissement naturel, tandis que l’orientation de celle-ci le long de l’axe de la crête permet à la brise de se rafraîchir avant de traverser la maison. L’élévation de la piscine minimise également le risque d’infestation de rats, de grenouilles et de serpents pendant les mois chauds et secs de l’été.
Le site de Malik Architecture : ici.
Les photos : © Bharath Ramamrutham