La chapelle de Nesvačilka

La chapelle Notre-Dame des Douleurs de Nesvacilka est un bâtiment de forme circulaire inspiré des méthodes de construction médiévales, il allie tradition et technologies modernes. Habilement réalisé par l’agence d’architecture RCNKSK (Jan Říčný) avec Michal Říčný, l’ensemble s’éloigne sensiblement des standards pour devenir un exemple en soi.
Les champs à perte de vue
Composé de poutres taillées à la main et d’une structure innovante en bois lamellé collé GLT, le volume s’élève sur un socle en pierre et un sol en terre battue. Depuis plus de cent ans, les habitants de Nesvačilka aspiraient à une chapelle, un lieu de recueillement spirituel, un espace où se rassemble la communauté. Cette dernière aspirait à créer un bâtiment qui non seulement façonnerait le paysage environnant, mais influencerait également la culture, la société et le patrimoine. « J’étais loin de me douter à l’époque que cette décision nous lancerait dans un voyage de douze ans. » Raconte l’architecte. Le paysage doucement vallonné de la Moravie du Sud est vaste, avec des champs à perte de vue. La ville de Nesvačilka a peu changé depuis ses débuts baroques. Son plan d’origine a conservé une position surélevée le village s’élève naturellement et il est visible de loin. « Ce site semblait destiné à réaliser les idéaux baroques de culture de la terre – une terre où ni forêts ni rochers ne sont visibles, seulement de la terre et des champs. » Précise l’architecte. C’est pourquoi, selon ce dernier, l’utilisation de matériaux naturels, rares dans cette région, comme la pierre et le bois, revêt une signification symbolique : apporter la foi dans un paysage aride. « J’ai opté pour une structure centrale, dressée au sommet de la colline comme un phare, un point d’orientation à la fois spatial et spirituel. » Les habitants ont choisi Notre-Dame des Douleurs comme patronne de la chapelle, symbolisant les souffrances qu’elle a endurées.
Un assemblage traditionnel
L’architecte souligne que la partie inférieure, en pierres est difficiles à modeler. Sept poutres s’élèvent et portent la délicate structure en bois, entrelacée de petites fenêtres, permettant à la lumière de pénétrer, à tout moment, au cœur de la chapelle. Le bâtiment est entouré d’un chemin de croix, agrémenté de pommiers qui forment une allée menant à la chapelle, et d’un verger situé à l’arrière et relié aux champs environnants. La structure allie tradition et modernité. La réalisation s’inspire des techniques de construction médiévales, en dialogue avec les technologies modernes. Le sol est en terre battue compactée, tandis que les murs sont en pierre de taille. La structure porteuse est composée de mille éléments en bois, assemblés traditionnellement par des chevilles et des cales, elle a été réalisée par fraisage. Les poutres de quinze mètres de long sont sculptées à la main, traversant librement l’espace, couronnées par une flèche en acier sur le toit.
Des matériaux naturels
Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par des portes de cinq mètres de haut, ouvrant sur un espace dynamique. La chapelle transcende le temps. Les matériaux, naturels, tactiles et empreints d’un savoir-faire artisanal, visent à faire voyager au-delà du quotidien. Le choix des matériaux était crucial, il fallait qu’ils soient intemporels et qu’ils vieillissent en beauté. L’ensemble de la construction a été financé par des dons, ce qui a prolongé le temps de construction. Cependant, cette période a permis à l’architecte de réévaluer la conception de manière critique et d’examiner attentivement les aspects techniques et symboliques, garantissant une exécution méticuleuse. Une étroite collaboration avec les constructeurs et un souci du détail lui ont permis de produire les documents de construction et de production, affinant les processus en fonction des contraintes financières et techniques. Les matériaux choisis ont été le mélèze, le sapin, l’épicéa, la chêne, le frêne, le bouleau, le mobilier en pisé la table de l’autel est en pierre de taille et le mobilier est sur mesure. La construction a été réalisée en grande partie grâce à la participation des habitants. C’est une belle aventure architecturale et humaine !





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Les photos : © Ondřej Bouška