Au Palais Idéal, l’exposition « Forces vives » entame le dialogue

Au Palais Idéal, l’exposition « Forces vives » entame le dialogue

Au Palais Idéal, l’exposition « Forces vives » entame le dialogue

The Blue Sentinels. Courtesy de l’artiste, 
Photo : Nik Massey.
The Blue Sentinels. Courtesy de l’artiste, Photo : Nik Massey.

C’est un dialogue subtil entre plusieurs artistes, diverses générations, lieux et destinées qui se déroule à Hauterives, au Palais Idéal. Tantôt dehors, tantôt dedans, à mi-chemin, dans les interstices, des souvenirs gardés avec la plus grande précaution surgissent et font surface. Le Palais Idéal est encore une fois le décor de plusieurs épopées. « Forces Vives » est l’une d’elles mais certainement pas la dernière.

Une histoire,

Après la destinée croisées de Sarah Winchester et Ferdinand Cheval, le Palais Idéal présente, une fois de plus, le travail de deux artistes. Il s’agit cette fois-ci de Lee Miller et Claire Tabouret. Deux artistes qui, à prime abord, rien ne lie mais la magie du lieu fait de sorte que le dialogue entre leurs œuvres se transforme en une évidence. Qui aurait pu croire qu’un beau jour, en été 1937, Lee Miller, muse des plus grands artistes, mannequin et photographe mais aussi correspondante de guerre, en visitant l’Europe en compagnie de l’artiste Roland Penrose, rencontré à peine quelques semaines plus tôt, sur sa route vers la Côte d’Azur, où les attendaient Dora Maar, Pablo Picasso, Paul et Nusch Eluard, fait une halte à Hauterives, au Palais Idéal. Suite à cette visite, deux albums identiques avec des photos de ce lieu fantastique sont réalisés, l’un pour Lee Miller et l’autre pour Roland Penrose. Le Palais idéal , théâtre d’un prémices amoureux ? Qui l’eut cru ? Toujours est-il que ces photographies sortent de leurs albums aujourd’hui et s’exposent dans le lieu même où ont été prises de célèbres photographes de Lee Miller. Quant à l’exposition de Claire Tabouret était envisagée depuis l’époque du confinement. L’artiste, découvrant l’univers du Palais idéal, crée exprès à cette occasion plusieurs œuvres caractéristiques dont une fontaine et une tapisserie tissée spécialement dans l’un des plus prestigieux ateliers d’Aubusson.

Une fontaine,

L’exposition « Forces vives » commence dehors en marge du Palais néanmoins avec vue sur ce dernier. Une fontaine en forme de femme prend place au milieu de l’un des espaces verts. Cette créature en robe ample façonnée avec la même technique que celle du Palais est inspirée de Claire Philomène Richaud, l’épouse du facteur. Celle qui est présente sur une multitude de photos d’époque, toujours là, fière de l’œuvre de son époux, le sourire aux lèvres mais jamais devant, continue avec la création de Claire Tabouret à veiller de loin sur le Palais Idéal. Ce qui intéresse dans cette œuvre c’est tout d’abord la matière utilisée par l’artiste, qui change de teinte selon les intempéries. L’eau qui coule de ses mains fait un joli clin d’œil aux seaux d’eau jetés sur la façade du Palais Idéal lors de la venue d’illustres visiteurs. Bien que la création de Claire Tabouret est récente, nous avons l’impression qu’elle a toujours été là, en dialogue permanent avec le lieu. L’artiste a su avec une grande subtilité entamer la conversation pourtant complexe avec un monument qui a traversé les temps. 

Et des images

A l’intérieur, dans la salle d’exposition nous découvrons une autre pièce maîtresse créée par l’artiste, une tapisserie où un visage se reproduit. Est-ce bien celui d’Alice, la fille du Facteur Cheval ? ou une autre enfant sorti de l’imaginaire de Claire Tabouret ? Peu importe finalement le résultat est tout simplement remarquable. Celle qui est connue par ses peintures expose ici d’œuvres atypiques comme les deux autoportraits de Lee Miller fabriquées par une technique unique à découvrir au sein de ce lieu magique. En accord avec ces quelques ouvrages, une collection de photos de Lee Miller nous renvoient à une époque lointaine et constitue un témoignage historique d’un monument aussi plébiscité que visité. « Forces vives » est une exposition où le lieu constitue un immuable liant entre deux artistes et leurs ressentis et c’est à visiter jusqu’au 11 novembre 2024.

Palais idéal, Hauterives, France, 1937.
Copyright Lee Miller Archives.
Palais idéal, Hauterives, France, 1937. Copyright Lee Miller Archives.
Untitled drawing of Lee Miller (study for a 
stained glass work). Courtesy de l’artiste, 
Photo : Marten Elder.
Untitled drawing of Lee Miller (study for a stained glass work). Courtesy de l’artiste, Photo : Marten Elder.
Palais idéal, Hauterives, France, 1937.
Copyright Lee Miller Archives.
Palais idéal, Hauterives, France, 1937. Copyright Lee Miller Archives.