Mathildenhöhe, l’utopie ingénieuse

Mathildenhöhe, l’utopie ingénieuse

© Sipane Hoh

C’est un quartier entier, un laboratoire d’art et d’architecture qui se trouve à Darmstadt, en Allemagne. Un lieu unique dans son genre où touristes, curieux, artistes et architectes se croisent entourés d’édifices tout aussi singuliers qu’atypiques.

La Colonie d’artistes

Certains ignorent probablement son existence, d’autres l’ont appris un jour pendant leurs études toujours est-il qu’il s’agit bel et bien de la première colonie d’artistes qui réunit des architectes, des peintres et des sculpteurs, le tout réunie sur un terrain vague en promontoire, situé à la périphérie de la petite commune de Darmstadt.

« Wissenschaftstadt Darmstadt » c’est l’appelation de la ville qui signifie « Darmstadt, la Ville de la Science » mais nous pouvons dire que Mathildenhöhe, cette petite fraction de ville, foisonne par son art et son architecture.    

En 1899, Joseph Maria Olbrich a été choisi par le duc Erns Ludwig Von Essen pour concevoir la première colonie d’artistes après le succès de la salle d’exposition de la Sécession réalisée en 1897. La colonie d’artistes de Darmstadt était donc une utopie ingénieuse où les artistes allaient travailler et y vivre pour créer une exposition toutes les quelques années. Olbrich a conçu le bâtiment principal mais aussi plusieurs villas dont sa propre maison. Le lieu regorge de grandes noms d’époque comme Peter Behrens, Hans Christiansen, Bernhard Hoetger et d’autres.

L’atelier des artistes se trouvait à l’intérieur même de l’édifice de la Mathildenhöhe construit à son tour en 1900. Toute cette troupe allait donc s’affairer pour la préparation de leur première exposition qui a eu lieu en 1901 où Olbrich a aménagé la résidence d’Ernst Ludwig mais aussi les résidences environnantes par des œuvres d’Art Nouveau. Une réussite qui a été suivie par d’autres expositions en 1904, 1908 et 1914.   

Formes, couleurs et textures

Lors de l’exposition de 1904, a eu lieu la construction de trois maisons qui comportaint tous les éléments les plus marquants de l’Art Nouveau. En 1908, Olbrich a conçu la tour de mariage « Hochzeitsturm ». Il s’agit d’un exemple parfait de l’Art Nouveau sous forme d’une tour de 48,5 m, un projet conçu pour célébrer le mariage du duc Erns Ludwig Von Essen avec sa seconde épouse, Eleonore. Cette tour constitue une pièce extraordinaire qui interpelle tout visiteur. L’ensemble possède un soubassement en pierre blanche et bronze, assorti aux matériaux du bâtiment horizontal qui souligne son entrée. Le corps principal du bâtiment est en brique avec deux ouvertures horizontales et une horloge, construite pour briser la verticalité de la tour. Les ouvertures matérialisées dans la pierre contraste avec la brique rouge. La partie la plus intéressante de la tour est son sommet constitué de cinq arcs ascendants symétriques qui soulignent la verticalité du projet.

Un peu plus loin, nous pouvons découvrir la chapelle russe Sainte Marie-Madeleine (Die Russische Kapelle) une authentique petite construction datant de 1899 et réalisée par l’architecte Léon Benois. L’ensemble donne sur un impressionnant bassin, le bassin au Lys, aux surprenantes mosaïques réalisées par l’architecte Albin Müller qui a rejoint les autres artistes uniquement pour la dernière exposition avant la début de la première guerre mondiale qui a sonné le glas à l’Art Nouveau.

Au détour du parc, le visiteur peut tomber nez à nez avec deux géants qui gardent l’entrée de l’actuel musée de la Colonie d’artistes. Un impressionnant bâtiment qui fut jadis la maison de l’architecte Otto Barting qui a rejoint le lieu en 1901.

Mathildenhöhe, « La colline de Mathilde » est aussi les 13 maisons et ateliers d’artistes éparpillées avec soin sur l’ensemble du terrain. La Mathildenhöhe vient d’être classée le 24 juillet 2021 sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO.

© Sipane Hoh
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Les photos : © Sipane Hoh