La maison Kumagaya, compacte, minimaliste et contemporaine

Située au Japon, à Saitama, la maison Kumagaya est une maison familiale modeste comprenant un intérieur remarquable. Réalisée par Hiroo Okubo le fondateur de l’agence d’architecture Chop+Archi basée à Tokyo, la minimaliste maison familiale constitue un exercice architectural à part entière en repoussant considérablement les limites de la norme.
Suivre son époque
La structure de la famille nucléaire, que l’anthropologue George Murdock considérait comme universelle, est la structure familiale prédominante au Japon depuis l’après-guerre. Cependant, avec le temps, la proportion des ménages ayant cette structure diminue et le « noyau » d’où la famille nucléaire tire son nom, est en baisse. La maison Kumagaya est l’exemple parfait d’une conception qui a pu suivre son époque. En effet, l’ensemble croise avec tact un intérieur minimaliste avec des espaces extérieurs, des balcons et des allées paysagers. Pourtant la surface totale de la villa n’excède pas 108 m² et la maison Kumagaya est tout à fait conforme à l’approche japonaise en matière d’architecture domestique.
Les changements démographiques sont avérés au Japon c’est pour cette raison que l’architecte a créé un plan qui « libère les familles de la pression d’être constamment unies ». Une gageure car les espaces alloués aux maisons individuelles dans le pays sont très réduits. Mais l’architecte y est arrivé avec brio et la maison Kumagaya en est l’exemple. A l’instar d’un cube surélevé au-dessus d’un sous-sol en béton servant d’espaces de stockage, la maison est en lévitation et comprend les principaux espaces de vie et les chambres qui viennent se poser délicatement sur le socle. Pour y parvenir, l’architecte a doté la maison d’un espace vide cruciforme qui se trouve en son cœur, puis, une subdivision géométriquement précise du plan carré fait de sorte que le premier étage atteint le toit en bois. Ceci est possible grâce à deux sections en forme de coin qui sont retranchées du plan du deuxième étage.
Le vide, dispositif de connexion
L’accès se fait par quelques marches au rez-de-chaussée surélevé, qui est divisé en deux moitiés. Une moitié comprenant le salon et la cuisine tandis que l’autre sert de salle à manger où s’annexent une buanderie, une salle de bain et un escalier. Le hall d’entrée et la terrasse scindent les deux parties. En haut de l’escalier, deux chambres doubles se positionnent de chaque côté de l’escalier, tandis que l’autre moitié de la maison est occupé par l’espace de vie à double hauteur. Entre les deux parties se trouve un balcon privé qui s’étend d’est en ouest et occupe toute la longueur de la maison, il est caché de la vue par le toit en pente. Ici, on trouve également des mezzanines situées au-dessus de l’espace de vie, laissées ouvertes mais accessibles pour augmenter la surface au sol.
L’agencement rappelle le plan d’étage résidentiel connu sous le nom de « ta-no-ji », explique l’architecte, soulignant que le terme fait référence au caractère chinois pour dire « rizière », un carré divisé en quatre parties par deux lignes qui se croisent. A l’inverse de l’archétype de la maison japonaise, la résidence évite de créer des chevauchements au sein de ses espaces en utilisant le vide comme un dispositif de connexion qui maintient les différents quadrants de la maison séparés sans compromettre leur vue ou leur accès à l’espace extérieur. Malgré l’aspect réservé et la taille modeste, l’idée de cloisonner l’ensemble en se servant du vide crée une série d’espaces spacieux privés qui selon l’architecte, détendent l’atmosphère de la maison et lui confère un sentiment d’équilibre. Ainsi, la maison Kumagaya est une construction en phase avec son temps sans négliger l’architecture traditionnelle.





Le site de l’agence d’architecture : HIROO OKUBO / CHOP+ARCHI
Les photos : © Masao Nishikawa